Les herbiers

Le Myriophylle à épis

Le myriophylle, c’est quoi ?

Le myriophylle à épis (Myriophyllum spicatum) est une espèce aquatique exotique envahissante venant d’Europe et d’Asie. Elle a été introduite et distribuée au Québec vraisemblablement en tant que plante ornementale pour les étangs artificiels.

Elle est présente dans le lac Massawippi dès le début des années 1960. Elle se répand de façon exponentielle pour 3 raisons (Lavoie 2019) :

  1. Absence de prédateurs naturels;
  2. Croissance hâtive au printemps;
  3. Elle se reproduit principalement par fragmentation. En milieu naturel, vers la fin de l’été, des racines adventives poussent le long de la tige. Ensuite, aidée par les vagues, la plante sectionne des segments de plants qui dérivent et s’implantent ailleurs pour former une nouvelle plante. Cette méthode de reproduction est fortement accélérée par le trafic nautique.

Dans le lac Massawippi

Bien que le myriophylle à épis soit présent dans l’ensemble du lac Massawippi depuis plus de 50 ans, deux inventaires de plantes aquatiques faits en 2005 et 2015 nous permettent de conclure que sa présence continue d’augmenter d’année en année.

Un suivi annuel depuis 2015 démontre une forte augmentation dans certains secteurs pour les années 2018 et 2019. De façon générale, la rive Est est affectée sur presque toute sa longueur. Dans les autres secteurs, on le retrouve dans les hauts fonds et à l’embouchure des ruisseaux.

Impacts

Les impacts sont nombreux. Dépendant de la densité, les herbiers deviennent un obstacle à la baignade, à la navigation, à la pêche et à la circulation de l’eau. Le myriophylle étouffe les espèces indigènes et modifie carrément l’écosystème. Fait additionnel non négligeable, les herbiers diminuent l’intérêt de la propriété riveraine et ont un effet certain sur les valeurs foncières.

Contrôle

Tous les experts sont unanimes : il est impensable d’éradiquer le myriophylle dans le lac Massawippi. Les méthodes de contrôle sont relativement efficaces sur les très petits lacs et encore, jamais à 100%.

Les méthodes de contrôle sur le lac Massawippi viseront donc à ralentir sa progression et à améliorer la condition de certains secteurs.

Attention

Tout n’est pas myriophylle. Plusieurs plantes indigènes doivent être préservées. Le contrôle du myriophylle ne peut être entrepris au détriment de l’écosystème naturel du lac Massawippi.

Actions et méthodes

La première action à considérer est sans aucun doute de limiter la propagation exponentielle en restreignant la navigation dans les secteurs affectés. La navigation (même légère) est à l’origine de la fragmentation. Continuer de naviguer dans les herbiers est, à coup sûr, le meilleur moyen de perdre la bataille. Cette action simple et peu contraignante s’attaque au problème à la source. Elle ne permettra pas d’éradiquer les herbiers installés, mais elle réduira leur croissance et leur reproduction dans d’autres secteurs.

Toute intervention directe dans les herbiers exige un permis (vous trouverez le Formulaire de demande de permis ici) du Ministère de la Forêt, Faune et Parcs (source MFFP, 26 juin 2020).

Pour espérer obtenir cette autorisation, il faut un inventaire de la surface à couvrir et démontrer que le myriophylle à épis constitue plus de 70% de l’ensemble des plantes de cette surface. Bleu Massawippi peut mettre à jour cet inventaire pour vous, contactez-nous.

Le coût du permis est élevé. La solution réside dans le regroupement des riverains pour une même demande et la possible participation de la municipalité. C’est l’approche de Bleu Massawippi pour le projet de la Baie Bacon en cours.

Arrachage manuel

Cette méthode est réalisable sur des petites surfaces. Elle exige toutefois l’arrachage complet des racines et le retrait des plantes du plan d’eau. L’arrachage manuel peut être très efficace et abordable, lorsque combiné à une autre stratégie de contrôle, par exemple en attaquant les herbiers épars et de faible densité. Il devient très onéreux et délicat pour des projets de grandes envergures avec plongeurs et système d’aspiration des plantes.

Application de toiles de jute ou d’Aquascreen©

Ces toiles étouffent tous les plants se trouvant en dessous, ce qui a pour effet de permettre la recolonisation de l’espace par des plantes indigènes. Un entretien régulier (ex. : arrachage manuel sur les toiles) sera également nécessaire pour éviter la réimplantation du myriophylle. L’efficacité des toiles diminue lorsqu’elles sont appliquées dans des zones ou le myriophylle occupe de grandes densités, mais cette méthode reste néanmoins à ce jour le moyen générant les résultats les plus durables pour un prix donné.

Faucardage

Une faucardeuse est une tondeuse aquatique qui coupe les plants à une hauteur donnée (ex. : 2 pieds sous la surface). Cette méthode, bien qu’elle donne des résultats rapides, est rarement viable à long terme (Lavoie, 2019). En effet, elle n’éliminera pas le myriophylle qui repoussera simplement comme une pelouse. Ainsi plusieurs tontes sont requises annuellement afin de tenir la plante en respect. Les inévitables fragments échappant au ramassage auront un effet contaminant dévastateur. Cette méthode très coûteuse est écologiquement insoutenable pour Bleu Massawippi.

Abaissement du niveau du lac en hiver

Bien que cette méthode soit considérée efficace (Lavoie, 2019), il serait impossible de l’implanter au lac Massawippi. Le niveau d’eau du lac est réglementé et il faudrait un effort législatif exhaustif, en plus du support de l’ensemble des 5 municipalités, pour espérer apporter le moindre changement aux cibles saisonnières établies. De plus, en raison de la clarté de l’eau du lac, le myriophylle à épi est présent à plus de 10m de profondeur. Il serait donc logistiquement impossible d’abaisser le niveau du lac à une hauteur permettant son éradication. Même dans le cas d’un abaissement de quelques mètres, le myriophylle serait en mesure de recoloniser facilement les endroits dégagés.

Aération de l’eau

Cette nouvelle technique repose sur l’action conjointe d’aération de l’eau par microbulles et l’implantation de bactéries nécessitant de hauts niveaux d’oxygène pour proliférer. En théorie, la population de bactérie atteindra des densités extrêmement élevées en présence d’eau oxygénée et séquestrera ainsi l’ensemble des nutriments nécessaire à la croissance du myriophylle. Cette technique est coûteuse et rien n’indique qu’elle permet de contrôler efficacement et systématiquement le myriophylle à épis (Lavoie, 2019). Certains projets rapportent une bonne efficacité alors que d’autres n’ont pas observé de différence.

 

 

Références scientifiques : Lavoie, C., 2019. 50 Plantes envahissantes : protéger la nature et l’agriculture. Les publications du Québec. Québec. p. 250-257., RAPPEL, Ministère des Forêts, Faunes et Parcs.

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